Vies de dockers
« Ces photographies ont été produites dans le cadre de la grande commande nationale « Radioscopie de la France : regards sur un pays traversé par la crise sanitaire » financée par le Ministère de la culture et pilotée par la BnF. »
©Daniel Challe/ Grande Commande Photojournalisme /2022
Il fait nuit, il est 5 heures du matin, quand je rejoins Eddie Le Goulven le délégué syndical des dockers du port de commerce de Lorient. J’aime cette ambiance maritime et nocturne de lointain où ces hommes chaleureux partagent le labeur et la solidarité.
Être docker est une identité puissante marquée par l’appartenance à un métier, à une famille, et une fraternité syndicale. Les dockers ont le monopole de la manutention du domaine maritime public. À Lorient mon reportage s’est construit autour de deux personnages principaux : Eddie Le Goulven, le délégué syndical, et Stéphane Collet qui effectuait ses derniers mois de labeur avant sa retraite prise à l’automne 2022. Au rythme de la nuit et des déchargements, j’ai suivi ces hommes qui par leur travail sont au cœur des échanges économiques de la mondialisation. Déchargeant des marchandises venues du monde entier, leurs vies sont liées à des pays lointains, à des ouvriers qu’ils côtoient sur les cargos.
Dans leur local se retrouvent les retraités qui viennent chaque jour jouer à la belote et partager ces moments de fraternité avec les plus jeunes.
Chez les dockers le taux de syndicalisation est de 100%. Quand on est docker, on défend ses droits et on se sent représentant d’un monde ouvrier fier et combatif.
Travail, militantisme, repas partagés ensemble, jeu, la vie du docker est rythmée par des cycles journaliers, un rapport au monde qui s’inscrit dans la chair, au plus profond du corps. Le jour où Stéphane Collet est parti en retraite, ils étaient tous là avec leurs compagnes. Ce fut une belle fête. Stéphane se réveille encore la nuit, souvent de bon matin, on oublie pas comme cela une vie de docker.
Toutes mes photographies sont disponibles en tirages (procédé piézographie), signés et numérotés sur papier Fine Art. Pour toute information, me contacter → ici