C’est drôle les hasards de la vie d’un photographe. Quelques jours avant j’étais là, près du Blavet, dans le brouillard la nuit, juste à côté des anciennes forges d’Hennebont. Et ce samedi 25 janvier 2025 ils sont là, plus d’un millier, à soutenir les ouvriers de la Fonderie de Bretagne menacée de fermeture. Dans la société comptable qui est la nôtre, celle de la dette pour les pauvres et des milliards pour les actionnaires, les visages ne comptent pas. Ce qui comptent c’est les chiffres. La mémoire des fondeurs est pourtant là partout, dans les voix, dans les paysages et les photographies accrochées sur les murs dans cette grande halle. Le sentiment d’abandon est parfois grand, terrible. Il y a pourtant une émotion dans ce lieu, une mémoire ouvrière et les signes tangibles d’une vrai solidarité. Être ensemble, visages et voix, cela ne se compte pas, ce n’est pas un chiffre, une ligne dans un bilan comptable. Nous vivons dans des sociétés sourdes, aveugles et muettes qui abolissent les règles élémentaires du vivant et du prochain.






